Tag: vineyard (page 1 of 5)

2021, ça va bien

« Comment allez-vous ? »

Vous êtes plusieurs à m’avoir posé cette question récemment. Rien que le fait qu’on pense à me la poser, ça va déjà mieux.

Ça encourage, de savoir que mes efforts trouvent un écho dans les bulles que vous savourez. Et puis les vendanges approchent et vont clôturer le chapitre de cette année très compliquée.

Je sais que le terroir de Bouzy s’en sort bien mieux que d’autres et que je dois mesurer ma chance. Mais l’année a été difficile. Plusieurs fois je me suis sentie esclave, démunie, dépassée. A chaque fois, j’ai pu compter sur l’aide de mes proches, de collègues, sur l’abnégation et la résignation qui font partie du quotidien de ceux dont le travail dépend de la nature.

Et puis le résultat est là : il y a des raisins, peu mais beaux. Il y a du soleil. Et il y a cet horizon qui se rapproche : dans quelques jours, les raisins seront rentrés, et on pourra souffler. On pourra transformer en or les jus de l’année.

Nous, vignerons, sommes des sentinelles des évolutions du climat. Les sentinelles sont toujours les plus exposés. 2021 ne nous aura presque rien épargné, des épisodes de gel du printemps aux pluies continues de juillet qui ont fait exploser le mildiou. L’année restera dans les annales, et il faudra essayer d’en tirer tous les enseignements. J’en retiens l’importance cruciale d’un matériel viticole fonctionnel et la force de la solidarité entre vignerons. J’en retiens que chaque effort doit être fait, car c’est de Champagne qu’il s’agit.

Maintenant le plaisir de retourner aux vignes revient, la fébrilité de la préparation des vendanges va colorer les souvenirs plus gaiement.

Merci à toutes celles et ceux qui ont pensé aux vignerons et qui mesurent à leur juste valeur tous les efforts fournis pour produire du Champagne avec une grande exigence de qualité. Merci à toutes celles et ceux qui ont aidé. Et parce qu’il ne faut pas oublier de rire de tout, merci aux gnocchis, dont les enfants maitrisent désormais parfaitement la cuisson, et qui ont constitué leur repas récurrent pendant toutes les soirées de travail de cette saison ardue !

Pour savoir comment les vendanges se déroulent, savoir si la météo continue à nous consoler et si les jus nous plaisent, suivez l’actualité du Champagne Plener sur Instagram, en story et sur le fil !

Champagne et Slam : une oeuvre musicale inédite pour célébrer les artisans vignerons

A savourer et à partager à volonté, comme le Champagne !

Le Syndicat Général des Vignerons de Champagne présente cette composition musicale originale, un projet créatif et artistique mettant en lumière tout le savoir-faire et la passion de la vigne, le slam de deux étoiles montantes de la musique : Sofiane Pamart et Raphaël de Terrenoire. Véritable ôde à la gloire des hommes et femmes qui créent, dans un moment d’effervescence, ce breuvage magique qu’est le champagne, Raphaël Herreiras, chanteur du duo Terrenoire prête sa voix aux Vignerons de Champagne et slame ainsi cet amour à la terre et à la vigne. Sur une composition du pianiste virtuose Sofiane Pamart, on y montre ici toute la vérité, l’amour et le savoir-faire dont découle ce produit si unique.

Comment faire rentrer un rond dans un carré

Je me souviens de cette scène clé du film Apollo 13, dans laquelle les ingénieurs de Houston doivent impérativement trouver un moyen de faire rentrer un rond dans un carré (ou l’inverse, j’ai oublié). C’est pile mon dilemme en ce moment : comment faire rentrer une journée de vigneronne dans une journée de parent qui fait l’école à la maison, le tout devant tenir en 24 h ? Les ingénieurs de Houston ont trouvé la solution en quelques heures, je la cherche encore au bout de 10 jours ! Pourtant le carré est au programme de géométrie en CE1 (mon fils), et le cercle au programme de géométrie de CM1 (ma fille), ça devrait m’aider.

Et si la solution était dans un cross-over entre Apollo 13, Wonderwoman et Un jour sans fin ?

 

Côté vignes, la pluie ayant enfin cessé, il y a du pain sur la planche : il faut finir de tailler et de lier car la pousse s’active,  et commencer le travail du sol, car l’herbe prend ses aises. Il faut préparer la plantation de la parcelle des Grands Cercets et préparer les installations des vignes plantées l’année dernière (Loge et Petits Cercets). Certaines opérations ont dû être annulées car impossible à réaliser en respectant les consignes sanitaires. La champagnisation et la mise en bouteille sont reportées à des dates ultérieures (quand les journées feront 36 heures, ce sera plus facile).

Chardonnay de la Pierre Aigue, aujourd’hui mardi 24 mars : une parcelle plutôt hâtive, taillée et liée !

A la parcelle du Mont Rouge, essais et réglages de différents montages pour le travail du sol. Pourquoi le Mont Rouge est-il toujours le cobaye des essais ? Parce qu’il est tout près du hangar !

Côté confinement, comment dire …. on mesure notre chance énorme de ne pas être enfermés. Et d’avoir une cave bien remplie ! Sachez que les livraisons de Champagne sont toujours possibles, même si les délais sont un peu plus longs. Les apéros virtuels ont le vent en poupe, n’hésitez pas à les égayer avec des bulles bien réelles ! Contactez-nous pour en savoir plus (03.26.57.00.21).

Et surtout, prenez soin de vous !

Six mois dans le rétroviseur

Allons-y pour enfoncer les portes ouvertes : le temps passe (trop) vite, les semaines défilent ! A un moment on s’arrête, on se retourne et oh…. l’année a commencé depuis six mois déjà. Et on se demande comment c’est possible.

Parce que la nature va trop vite. Et j’ai peine à croire qu’elle puisse aller aussi vite.

J’aime mon métier entre autres pour son rapport au temps: la vigne et l’élaboration du Champagne demandent de la patience, là où partout la société appelle l’urgence. Raté pour cette année : le printemps a été fulgurant. On est fin juin et déjà tout est plié : la fleur est finie depuis belle lurette, le palissage est fini. Cette année encore, les vendanges seront précoces. Cette année, ENCORE.

Quand j’étais enfant (ça commence à dater donc ;-), la vigne était en fleur au moment de la fête à Bouzy (on a les points de repère qu’on mérite), c’est à dire fin juin. Les vendanges avaient souvent lieu  en octobre. Des années 1970 à l’an 2000, il n’y eu que la mémorable année de sécheresse en 1976 qui vit commencer des vendanges en aout. Une fois en 30 ans.

Depuis 2000, on a commencé trois fois les vendanges en aout (2003, 2007 et 2011, et presque en 2017). 2013 a été une année qu’on a considérée comme exceptionnelle …. car la vigne n’était toujours pas en fleur à la fête à Bouzy et les vendanges ont démarré en octobre.

2018 aurait pu être une année « normale » : l’hiver a été très pluvieux, mars a été frais et début avril, les pleurs montaient à peine. La vigne se réveillait doucement. Puis à partir de mi-avril, tout s’est emballé. En l’espace de quelques courtes semaines, les vignes ont poussé et fleuri. Pleine fleur dans les tous premiers jours de juin, nouaison et déjà fermeture de la grappe. Il y a une charge importante de raisins et si tout se maintient, on devrait encore vendanger fin aout/début septembre. Pas une année « normale » alors. Sauf qu’il faut bien admettre que l’exception devient la norme et la norme tend à être exceptionnelle.

En 2016 comme en 2017, le mois d’août a réservé de grosses surprises. Ce fut un mois narquois. 2016, année si arrosée, a été marquée par un mois d’aout si chaud et sec que les raisins en ont attrapé des coups de chaud. Un comble en cette année à la pluviométrie record. En 2017, année plutôt sèche et chaude, août a ressemblé d’abord à novembre, puis aux tropiques. Les raisins ne voulaient ni novembre ni les tropiques en aout et ont donc été bien malmenés.

Que nous réservera aout 2018 ? Ce n’est pas dans le rétroviseur qu’il faudrait que je regarde, mais dans une boule de cristal.

Mais à bien y réfléchir, je préfèrerai regarder dans le rétroviseur en septembre. Et en attendant, je laisse la nature faire son oeuvre.

champagne bouzy plener

De l’art d’illustrer subtilement cet article : une photo non pas d’un mais de deux rétroviseurs, larges de surcroit !

pinot noir champagne bouzy

Fermeture de la grappe, au lieu-dit « Le Mont Rouge »

******

We hear it so often : « time flies ». At one point, we stop, we look back and oh …. the year has started for six months already! And we wonder how it is possible.
Because nature is going too fast. And I can hardly believe it can go so fast.
I love my job, amongst other things, because of its relationship with time: the vine and the making of Champagne require patience, where everywhere society calls for urgency. But this year, spring was dazzling. We are now end of june and everything is already set: the flower is over for a long time, the trellissing is finished. This year again, the harvest will be early. This year, AGAIN.
When I was a child (a few year ago ;-), the vineyard was blooming at the time of Bouzy funfair (one has the reference she deserves ), i.e. end of June . Harvesting often took place in October. From the 1970s to the 2000s, there was only the memorable year of drought in 1976 that saw the harvest begin in August. Once in 30 years. Since 2000, picking has started three times in August (2003, 2007 and 2011, and almost in 2017). 2013 was a year that we considered as exceptional …. because the vineyard was still not blooming during Bouzy funfair and the harvest started in October.
2018 could have been a « normal » year: the winter was very rainy, March was cool and in early April, the vineyard was barely growing. The vine awoke slowly. Then from mid-April, everything bolted. Within a few short weeks, the vines grew and bloomed. Full flower in the first days of June, bunches are now already « closed ». There is a heavy load of grapes and if everything keeps well, we should harvest late August / early September. Not a « normal » year then.
Maybe we should admit that exception becomes standard and  standard tends to be exceptional.
In 2016 as in 2017, the month of August turned out to be surprising. It was an ironic month. 2016, a so rainy year, was marked by a hot and dry August and some grapes burnt. So ironic in this year with record rainfalls. In 2017, a rather dry and hot year, August first looked like November, then like the tropics. The vineyard neither wanted November nor the tropics in August and were mistreated. What will happen in August 2018?
It is not in the mirror that I should look, but in a crystal ball. But I’d rather look in the rearview mirror in September. And in the meantime, I let nature do its work.

 

 

 

A propos du 14 mars

Aujourd’hui, ma fille fête ses 8 ans.

Il y a 8 ans, quelques semaines après sa naissance, nous plantions la parcelle appelée « La Julienne ». J’ai pris l’habitude de souhaiter un joyeux anniversaire à la Julienne le jour de l’anniversaire de ma fille, laquelle me demande souvent des nouvelles de la Julienne, comme si c’était sa soeur.

Ce 14 mars, j’ai offert à la Julienne ses 1ers coups de sécateur pour la taille de cette année (et des playmobils à ma fille). Et en tentant de me cultiver en écoutant la radio pour occuper la solitude de la taillerie, j’ai appris que le 14 mars était le jour de Pi (3/14 en datation à l’américaine) et le jour de naissance d’Albert Einstein. Nulle doute qu’avec de telles auspices, ma fille (qui m’a récemment expliqué – schéma à l’appui- les avantages du montage électrique en parallèle sur le montage en série), nulle doute donc qu’elle soit promise à un brillant avenir.

Nul besoin en revanche de connaissance en sciences physiques pour tailler. De l’endurance, et une certaine forme d’abnégation, suffisent. Et quand je commence à tailler la Julienne, c’est que je tiens le bon bout ! ça tombe bien, car le 14 mars, c’est aussi ma fête !

A lire aussi sur Instagram

anniversaire champagne

Joyeux Anniversaire les filles !
A votre avis, qu’est-ce qu’on boit ce soir ?!

Mon best of janvier-février 2018

J’ai cru que la météo de mon téléphone, qui indiquait un ressenti de – 16° ce matin à Bouzy, me faisait une mauvaise blague. Mais non, c’était bien le Moscou-Paris qui venait nous balayer. Une matinée pour rester au bureau et vous proposer en photo mon best of de ce début d’année !

saint vincent champagne

Le 22 janvier, on a célébré comme il se doit notre Saint Patron.

assemblage champagne

Début février, c’était le moment si attendu et si important de l’assemblage.

champagne grand cru

Assemblage qu’il a fallu réaliser en cuve quelques jours plus tard.

neige coteau

Les chutes de neige nous ont offert des paysages magnifiques sur le coteau de Bouzy.

Où je parle de John Lennon, de minitel et d’un gros engin. Et surtout d’hommage.

1971 : John Lennon sort Imagine, la Grande Bretagne rejoint le marché commun, Eddy Merckx gagne son 3ème Tour de France. Mon grand-père Jean a 53 ans et plante « La Loge » en pinot noir. Mon père a 20 ans (et pas encore sa moustache).

1972 : les Nations Unies organisent leur 1ère conférence sur l’environnement, Michel Polnareff chante « On ira tous au paradis » et Stanley Kubrick sort Orange Mécanique. Mon grand-père plante « Les petits cercets ».

La Loge et les petits Cercets ont connu les années 70 et les fusées Apollo, puis les années 80 et le lancement du Minitel ; les années 90 et les balbutiements d’internet, les années 2000 et le développement du téléphone portable. Elles ont connu mon père sans moustache et quand je suis née, elles avaient déjà 9 et 10 ans, l’âge de la belle vigueur pour une vigne. On pourrait croire qu’elles ont traversé les décennies impassiblement, que les remous du monde ne les ont pas atteintes.

Je ne crois pas. Elles ont vécu au fond de leur être le changement climatique, et tout ce que cela dit sur notre société. Au début des années 70, dans leur petite enfance, la date moyenne de début de vendanges en Champagne était fin septembre. Maintenant, à l’âge de leur retraite, c’est aux alentours du 10/11 septembre. Elles ont aussi connu les gadoues et le désherbage chimique en plein. En 2017, elles n’étaient plus désherbées chimiquement depuis plus de 10 ans. Courant octobre, j’ai fait venir un gros engin sur chenilles avec des griffes pour les arracher. Il le fallait : je pestais contre leurs installations vieillissantes, contre leur vigueur qui déclinait. Et puis ça fait partie de la vie d’une exploitation : il faut régulièrement rajeunir le parcellaire, arracher les vignes âgées pour les remplacer par des jeunes plantes.

Cet arrachage, c’est l’occasion de remettre les choses en perspective – en plus de se remémorer le minitel tout en sifflotant du John Lennon – : j’arrache deux vignes plantées par mon grand-père, deux vignes chargées d’histoire, deux vignes qui ont vécu plus que moi. En 2019, je replanterai la Loge et les petits Cercets. Et très vraisemblablement, je prendrai ma retraite avant elles. Je les ferai grandir, je les cultiverai année après année mais je ne les arracherai pas.

La Loge et les petits Cercets ne sont pas mortes. Leur sol, leur terroir, sont toujours là et vont continuer à s’exprimer, à travers mon travail et ce que la nature nous apportera. L’hommage est surtout pour le travail de mon père et de mon grand-père. Pour donner vie à l’héritage de leur travail,  j’ai vinifié séparément cette année les Petits Cercets. D’ici 3 à 4 ans au moins, la maturité de leurs Pinots Noirs se révèlera dans une cuvée dédiée. Quant à la Loge, ses grappes ont été triées à la main pour élaborer le Bouzy Rouge 2017, très prometteur !

arrachage vigne

L’évanescence de chaque bulle de Champagne contient des années de travail.

 

 

Début véraison

Chez les vignerons, début véraison rime avec début de décompression ! Les premières baies vérées commencent à se voir dans nos vignes. On va pouvoir lever le pied, laisser la nature faire son boulot et profiter de quelques jours de vacances. Avec la reprise en ligne de mire : début véraison rime aussi avec prévisions (des dates de vendanges). La cueillette se profile pour les tous premiers jours de septembre !

Bel été à vous !

champagne plener bouzy

La véraison, c’est la coloration des baies.

champagne grand cru bouzy

Pinot Noir, dans la parcelle des « Monts des Tours »

Older posts