Quoi ?! Pas un mot sur ce site depuis le 24 octobre 2018 ? J’allais me lancer dans une tirade sur le manque de temps (la nature et cette société qui nous font courir si vite), sur le manque d’inspiration (les réseaux sociaux qui exigent une instantanéité pas très fertile). Et puis en fait, ce n’aurait été que de fausses excuses. Le temps ça se prend, l’inspiration ça se cherche.
J’ai pris du temps et j’ai trouvé de quoi m’inspirer : la journée de la femme ! Ceux qui me connaissent ne s’en étonneront pas. Cela aurait aussi très bien pu être les magasins qui laissent les portes grandes ouvertes par grand froid (ou canicule).
Donc, aujourd’hui, c’est la journée de la femme. On va entendre parler partout de ces femmes courageuses et inspirantes. Dans mon secteur, on va être inondée de portraits de femmes vigneronnes, chefs de cave, œnologues, chefs d’exploitation et égéries. C’est très bien. Pour faire partie de ces femmes, je mesure ma chance : c’est un milieu masculin certes, mais moins machiste que d’autres (coucou les gens du secteur de la publicité, des médias ou du BTP). Ma position de chef d’exploitation me permet d’organiser mes journées. Elles sont très chargées, mais j’ai la liberté de les organiser à peu près comme je veux, c’est un luxe.
Alors je voudrais parler de toutes ces femmes dont on ne lira sans doute aucun portrait aujourd’hui. Elles sont très nombreuses dans la filière viticole, et elles l’ont toujours été, à faire tourner les boutiques : ce sont les indispensables ouvrières viticoles et conjointes d’exploitant. Elles sont dans l’ombre. Et elles font le taf. Tout le temps, quelle que soit la météo, la fatigue et leurs impératifs familiaux. Il arrive même que ces femmes connaissent mieux l’emplacement des vignes que leur employeur !
Chez Plener, il y en a deux : Lydie, et ma mère.
Lydie est salariée dans notre exploitation depuis 1995, soit 24 ans ! Comme toutes les mamans, elle a enchainé les journées de travail avec l’organisation d’une maison qui compte 3 enfants. Quand la journée de travail consiste à tailler dans le froid et la pluie pendant 8 heures, ça mérite le respect. Au Champagne Plener, Lydie fait la plupart des travaux de la vigne (tailler, lier, ébourgeonner, palisser), elle gère habillage des bouteilles, participe aux tirages et dégorgements. Aux vendanges, elle est en cuisine et à l’entretien des locaux. Elle est indispensable. La vie ne l’a pas épargnée, loin de là, et je m’incline devant son courage et sa dignité. Aujourd’hui Lydie est aux vignes en tenue de pluie, et ce week-end elle sera coquette pour s’occuper de ses petits-enfants. Chapeau !
Ma mère a toujours eu un emploi à elle, ce qui est plutôt rare ; en plus de sa fonction de conjointe d’exploitant et de maman de 3 enfants. Je dis bien « fonction », car c’en est une : être conjointe d’exploitant, c’est s’assurer que les clients sont bien reçus, c’est préparer les casse-croûtes les jours de gros travaux, c’est faire tourner la cuisine pendant les vendanges. C’est boucher les trous au dernier moment quand quelqu’un fait défection dans l’équipe ou quand la météo pousse à l’urgence. Tout en gérant la maisonnée. Un boulot de l’ombre, un boulot ingrat, mais un boulot indispensable. Elles sont nombreuses encore aujourd’hui, mais on ne parlera sans doute pas d’elles, en préférant faire le portrait des cheffes d’exploitation qui attirent plus la lumière.
A toutes ces femmes qui font le Champagne sans que ça se voit : merci, bravo, et belle journée de la femme !
J’en viens à bout de mon laïus dont vous voyez venir la conclusion gros comme un camion : comment bien célébrer la journée de la femme ? En offrant aux femmes de votre vie une bouteille de Champagne, élaborée par une femme : vous aurez tout compris !
PS : merci à Dimitri, l’homme de l’équipe, pour la photo dans les vignes ! Et un merci très très particulier à mon chéri. Il mérite à lui tout seul la création d’une journée internationale des conjoints d’exploitantes 😉
PPS : je n’attendrai pas aussi longtemps avant mon prochain texte. Et si vous trouvez ça trop long, en délai comme en temps de lecture, n’oubliez pas instagram !
Lydie et moi, aujourd’hui sur la parcelle « Les Monts des Tours », avec un bel arc en ciel . Notez que je taille au sécateur électrique et que Lydie taille au sécateur à main …
Maman et moi, avec une flute de Veuve Cliquot Rosé 1989